Le concours d’agrégation de droit public : un véritable marathon !

Le 12 octobre 2011 s’est ouvert le concours national d’agrégation de droit public. Ce concours est le passage obligé pour tout docteur en droit qui souhaite devenir professeur de droit public. Nombre de nos chargés de TD, qui ont terminé leur thèse, sont inscrits à cette session 2011/2012. Le concours d’agrégation de droit public a lieu tous les deux ans (en alternance avec le concours d’agrégation de droit privé et de sciences criminelles). Ce sont 201 candidats qui sont inscrits cette année au concours. Seuls 30 auront le privilège de revêtir la robe rouge de professeur d’université à la fin de ce marathon qui s’étale sur près d’une année… 4 épreuves sont au programme pour les candidats et candidates, deux d’admissibilité et deux d’admission. Après chaque épreuve, le jury choisit les candidats autorisés à poursuivre le concours.

Les épreuves d’admissibilité

Tout commence par une première épreuve d’admissibilité qui consiste en une « appréciation par le jury des titres et travaux des candidats« . Chaque candidat communique à l’avance les travaux scientifiques (mémoires, thèse, articles publiés ou non, interventions lors de colloque) qu’il souhaite voir examinés par le jury, travaux accompagnés d’une note d’analyse. Parmi les membres du jury, deux rapporteurs pour chaque candidat sont désignés, qui rédigent chacun un rapport sur les travaux transmis. Le jury délibère ensuite sur ces travaux, suite à la présentation de ces rapports, avant de recevoir le candidat et de discuter des travaux pendant 30 minutes.

La seconde épreuve d’admissibilité est la première leçon en loge. Le candidat doit, lors de son inscription, choisir la matière de cette première leçon en loge. Il a le choix entre :

  • Droit constitutionnel, institutions politiques et vie politique ;
  • Droit administratif et science administrative ;
  • Finances publiques et droit fiscal ;
  • Droit international public et relations internationales OU droit communautaire et européen ;
  • Théorie du droit OU histoire des idées politiques.

Le candidat tire le sujet le matin. Il s’agit d’un commentaire de texte ou de document. Le candidat dispose ensuite de 8 heures, sans aucun contact avec l’extérieur, avec seulement les documents autorisés par le jury, pour préparer une leçon de 30 minutes sur le sujet tiré.

Les épreuves d’admission

La première épreuve d’admission est surement la plus emblématique : c’est la leçon de 24 heures après préparation libre. Le candidat tire un sujet, qui n’est cette fois ci pas un commentaire, dans la matière qu’il a choisie. Le choix s’est effectué au moment de son inscription. Il ne peut pas prendre la même matière que pour la première leçon en loge ni une matière qui était dans le même groupe de matières. Par exemple, si pour la première épreuve, le candidat avait choisi droit communautaire et européen, il ne pourra choisir ni droit international public et relations internationales ni droit communautaire et européen pour cette leçon.

Après le tirage du sujet, le candidat dispose de 24 heures pour préparer sa leçon d’une durée de 45 minutes. Il est libre de préparer cette leçon avec d’autres personnes, de consulter tous les documents qu’il souhaite. Sa seule contrainte est de présenter sa leçon, 24 heures plus tard, devant le jury. La nuit est donc souvent très courte, voire inexistante ! Mais il faut garder des forces, car à la suite des 45 minutes de présentation, viennent 15 minutes de discussion avec le jury.

Enfin, la dernière épreuve est la deuxième leçon en loge. Elle suit les mêmes modalités que la première leçon en loge, à l’exception du fait qu’il ne s’agit pas non plus d’un commentaire. Encore une fois, le choix de la matière se fait parmi celles qui n’ont pas été choisies lors des épreuves précédentes. La préparation est de 8 heures, le candidat n’a encore une fois accès qu’aux documents que le jury lui communique. La leçon dure 30 minutes. Elle peut être suivie d’une discussion avec le jury de 15 minutes.

A l’issue de ces 4 épreuves, le jury déclare les candidats admis, qui deviennent ainsi professeurs d’université en droit public.

Le concours 2011/2012

Cette année, 201 candidats ont donc été admis à concourir. 30 places seulement sont disponibles. Le jury est présidé cette année par le professeur Didier Truchet de l’Université Paris II. Les autres membres du jury sont le professeur Hervé Ascensio (Paris I), le professeur Pascale Deumier (Lyon III), le professeur Rostane Mehdi (Aix-Marseille III), le professeur Rémi Pellet (Lille II), le professeur Marie-Claire Ponthoreau (Bordeaux IV) et le conseiller d’Etat Jean de L’Hermite.

La première épreuve d’admissibilité a commencé la semaine dernière. La réception des candidats s’étalera jusqu’au jeudi 12 janvier 2012. Ce n’est qu’à l’issue de cette première épreuve que les choses s’accéléreront avec le début de la première leçon en loge. En attendant, nous souhaitons bonne chance à tous nos chargés de TD et maîtres de conférences candidats !

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter la page du site Internet du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche consacrée aux concours nationaux d’agrégation. Vous pouvez également télécharger la liste des candidats autorisés à concourir ainsi que le calendrier de la première épreuve.



Catégories :Droit public, Formations / Cursus / Concours

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9 réponses

  1. Ce concours est considéré comme un des concours administratifs les plus difficiles, si ce n’est le plus difficile. S’il est une réelle épreuve, le parcours que les candidats ont déjà effectué est une épreuve de force qui dure depuis plusieurs années.
    Souhaitons leur bon courage

  2. Difficile certainement. Mais certains concours comportent plus de deux fois plus d’épreuves (l’Ena en compte dix par exemple, et pas uniquement sur un seul et étroit champ disciplinaire). Par ailleurs, l’agrégation du supérieur est parfois moins un concours – qui suppose le respect de conditions strictes d’anonymat – qu’une cooptation opérée dans l’entre-soi : on n’est jamais « anonyme » à l’agrégation (comme dans un concours au sens strict) mais identifié comme émanant de telle ou telle université, comme inscrit dans tel ou tel courant (dominant ou pas) de sa discipline, comme ayant travaillé avec tel ou tel enseignant, comme étant soi-même fils ou fille d’enseignant… On n’est donc parfois jugé en fonction des amitiés de son directeur de recherche (voire agrégé par celui-ci quand il préside le jury…) davantage qu’en fonction de ses mérites propres. Question méritocratie, et à des degrés divers selon la section/matière que l’on considère, on peut donc parfois mieux faire que l’agreg du supérieur ! Mais on a tous admiré tel ou tel enseignant agrégé, donc chapeau quand même à certains admis…

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