Il y a quelques jours, nous vous avons présenté dans deux articles (1ère partie / 2ème partie) l’intégralité des équipes demi-finalistes du Challenge Administration 2020. Ce challenge, organisé par le Secrétariat général pour la modernisation de l’action publique, regroupe plusieurs projets d’étudiants qui tentent d’imaginer l’administration de demain. Alors que la phase de demi-finale touche à sa fin, nous vous proposons aujourd’hui une interview de l’équipe Orientation 2.0, demi-finaliste du challenge.
Est-ce que vous pouvez vous présenter rapidement ?
Notre équipe est composée de deux personnes, amies avant d’être coéquipières.
Hugo Bluet, 23 ans, est étudiant en quatrième année à l’Institut d’Etudes Politiques de Strasbourg. Olivier Blondel, quant à lui, est étudiant en master 1 en droit à l’Université Panthéon-Assas en échange à l’Université d’Oxford.
Nous avons déjà développé plusieurs projets en binôme depuis le début de nos études dans l’enseignement supérieur.
Pouvez-vous nous résumer votre projet ?
Notre projet, baptisé Orientation 2.0, se propose de créer un système général de parrainage entre étudiants de l’enseignement supérieur et lycéens qui prendrait place au cours des trois années de lycée. Techniquement, ce système reposerait sur la mise en place d’une plate-forme informatique affectant un ou plusieurs lycéens à un étudiant intéressé par le rôle de parrain ou tuteur.
D’où vous est venue cette idée ?
L’un comme l’autre, nous avons toujours porté un intérêt particulier à l’éducation. C’est en discutant et en observant certaines situations de doute intense vécues par des lycéens dans notre entourage que cet intérêt a pris corps dans un projet concret.
Plus précisément, il nous a semblé manifeste que la « mal-orientation » constituait un problème majeur tant pour le système universitaire français que pour ses bénéficiaires, les étudiants. Le choix d’orientation après le bac est tout à la fois délicat et fondamental. Pourtant, nous avons constaté un certain isolement des lycéens et de leurs parents dans ce processus. Le paradoxe tient au fait que les informations et outils désormais disponibles ne manquent pas ! Ainsi c’est bien plutôt un autre type d’informations, tenant à l’expérience des étudiants de l’enseignement supérieur aujourd’hui « de l’autre côté de la barrière », qui fait défaut. D’où notre concept de « l’orientation-tutorale » qui allie à la fois l’aide à la prise de décision post-bac et un accompagnement des étudiants fraichement entrés dans le supérieur par des élèves plus âgés qui ont déjà largement entamé et structuré leur parcours.
Notre constat, personnel donc circonscrit, a pu être confirmé par le rapport « Refonder l’Université. Dynamiser la recherche » remis au Premier ministre Jean-Marc Ayrault le 14 janvier par le député Jean-Yves Le Déau est venu, à posteriori, largement confirmer cette idée.
Avez-vous mis en place un plan ? Quelles sont les futures étapes de votre projet ?
Maintenant que nous avons établi les grandes lignes de notre projet, il s’agit surtout de préciser celui-ci grâce à la rencontre avec des experts.
En ce sens, nous avons défini, avec l’aide de notre professeur référent un plan général de développement du projet. Après la phase de précision des critères administratifs et pédagogiques du projet (échelle de l’expérience, identification des acteurs impliqués dans le pilotage du projet, rôle des parents etc.), nous sommes entrés dans sa phase de développement proprement technique. A chacune des étapes, et en fonction de nos besoins, nous sollicitons des experts de chacun des deux ministères concernés (i.e. de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et de la recherche), ainsi que de plusieurs organismes spécialisés dont la mission touche de près notre problématique comme la CNIL ou l’ONISEP.
Ainsi un premier entretien avec Michel Muller, Directeur-adjoint des Éditions cross média à l’ONISEP, a pu déjà être effectué et a apporté un grand nombre de précisions sur les questions liées aux Conseillers d’Orientation et plus largement sur la diffusion d’information liée à l’orientation. Un article relatant cet entretien sera d’ailleurs publié demain.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez actuellement ?
A ce stade de la réflexion, nous sommes essentiellement confrontés à des difficultés techniques liées au développement du logiciel.
Elles ont trait en premier lieu à la nature du support lui-même : doit-on envisager la création d’un logiciel ex nihilo ou amender l’outil informatique Admissions post-bac (APB) existant ? L’opportunité de limiter les coûts de développement du projet et les performances correctes d’APB font pencher plutôt la balance du côté de sa simple modification.
Une autre question est celle de la détermination encore incertaine des critères d’affectation des lycéens aux étudiants. En effet, il nous semble important que ces critères répondent à une double finalité : la confirmation ou l’infirmation des vocations préexistantes d’une part, l’information sur des formations peut-être inconnues de l’élève mais répondant à ses centres d’intérêt d’autre part. A ce dernier égard, nous planchons sur la possibilité de création d’un serious game, c’est-à-dire la réponse virtuelle à des questions organisée de manière ludique, voire des mises en situation, pour cerner les aspirations des élèves tout en dédramatisant le processus de l’orientation.
Nous attendons beaucoup de nos prochaines rencontres avec des experts techniques du ministère de l’enseignement supérieur pour confirmer ou infirmer ces pistes.
Pourquoi avoir choisi de participer à ce challenge ? Qu’est-ce que cela vous apporte en tant qu’étudiants ?
La participation à ce challenge nous apporte beaucoup sur un double plan.
Au plan personnel, c’est l’opportunité pour nous de voir la mise en place d’un projet nous tenant particulièrement à cœur. Pouvoir contribuer nous-mêmes au développement puis peut-être l’application de cette idée renforce encore notre engouement.
Au plan davantage académique ou professionnel, le Challenge Administration 2020 nous permet la mise en pratique de nos enseignements théoriques en droit, économie ou encore gestion. Par ailleurs, la participation à cette compétition constitue une véritable expérience professionnelle et humaine puisqu’elle implique la direction et la conception d’un projet, la rencontre avec des experts etc. Nous avons déjà beaucoup appris !
Est-ce que vous avez regardé un peu vos concurrents ? Que pensez-vous d’eux ? Notamment du projet OpenCampus qui s’intéresse aussi à l’éducation, même si ce n’est pas exactement la même approche que la votre ?
Oui, nous portons une attention particulière aux autres « concurrents ». Globalement les idées sont bonnes et les projets montés de manière réaliste. Au-delà de l’aspect compétitif du challenge, nous aussi sommes heureux de voir que l’amélioration de l’administration française motive beaucoup d’autres étudiants.
Concernant plus particulièrement le projet OpenCampus, nous trouvons l’initiative intéressante ! A notre connaissance, il existe déjà des projets similaires à des échelles plus réduites, notamment en études de médecines, qui semblent bien fonctionner. Leur extension au plus grand nombre est donc une bonne idée. Toutefois, les modalités techniques de mise en œuvre du projet ne semblent pas encore parfaitement définies.
Avez-vous quelque chose à rajouter ?
Nous voudrions encore insister sur notre conviction quant au bien-fondé et à la grande nécessité du projet « Orientation 2.0 ». Celui-ci nous paraît pouvoir réellement aider des jeunes en proie en désarroi tout en économisant de l’argent public.
Plus largement, nous espérons que notre participation au Challenge Administration 2020 contribuera à sa façon à convaincre le plus grand nombre que l’orientation est un processus devant s’inscrire avant tout dans la durée.
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